Une vie au Rwanda

Témoignage d’une vie au Rwanda, parmi tant d’autres

Témoignage d’une vie au Rwanda, parmi tant d’autres

Un livre d’Eugénie Mukamugema

Le 22 février 1994, à 15h, ma vie a définitivement basculé.
 Les tueurs ont envahi ma vie, ils m’ont pris tout ce que j’avais de si cher dans ce monde.
 Depuis, tout est toujours à reconstruire.

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Une vie au Rwanda, livre–témoignage d’Eugénie Mukamugema.

Le 22 février 1994, à 15h, ma vie a définitivement basculé.
 Les tueurs ont envahi ma vie, ils m’ont pris tout ce que j’avais de si cher dans ce monde.
 Depuis, tout est toujours à reconstruire.

En 1996, le poids de mon génocide devenait étouffant; spontanément, j’ai déposé ce fardeau sur des cassettes audio. Ceci est la retranscription de tout ce qui m’étouffait.

17 ans après les enregistrements, le temps est passé mais le génocide et ses horreurs sont restés figés dans ma mémoire et me hantent dans le quotidien.

La vie en Europe m’a éclairé sur les génocides et spécialement celui des Tutsi du Rwanda. J’ai trouvé des réponses à beaucoup de questions qui m’obsédaient en 1994, en 1996.

Cela m’a permis de prendre suffisamment de recul, même à vif, pour vous livrer ce témoignage: Une vie au Rwanda.

Référence
ISBN : 9791093440040
Table des matières

Pas de sommaire

Fiche technique

juin 2016
183 pages
dimensions: 12 x 22 cm
ISBN: 9791093440040

Coll. : Témoignages
Rayon : Mémoires, témoignages, biographies

Auteur(s)

Eugénie Mukamugema

Eugénie Mukamugema est née à Rwamagana, dans la province de l’Est du Rwanda.

Agronome et journaliste au Rwanda jusqu’en 1997, elle est actuellement assistante sociale en Belgique.

Elle est membre fondatrice d’AVEGA Agahozo, association venant en aide aux veuves du génocide, dont elle a présidé la section de Gikondo, et de l’association « Cercle de vie », à Bruxelles.

Veuve et rescapée du génocide, elle est mère de 4 enfants.

Informations complémentaires
Poids 0,225 kg
Dimensions 1,5 × 12,35 × 22,1 cm
Auteur

Format

Broché

Pages

183

Couverture / Illustrations

Izuba éditions

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Extraits

En 1996, j’ai enregistré mon témoignage : ce que j’ai vécu au Rwanda entre le 1er octobre 1990, lors de l’attaque du FPR, et 1994, au moment où je me suis retrouvée seule avec mes quatre enfants en bas âge. Tout ce que j’avais, ma famille, mes amis, les biens matériels, tout avait disparu, c’était un désert.

Je me suis alors retrouvée à la campagne en France, dans un endroit magnifique qui m’a rappelé le paysage de Sibagire à Rwamagana, où je suis née et où j’ai grandi. Toute ma famille maternelle y habitait. Et là, en France, j’ai réalisé qu’à Rwamagana et à Sibagire, tout avait disparu, qu’il restait juste ces paysages qui me rappelaient tant mon enfance et ma vie jusqu’en 1994.

Ça m’a tant rappelé les odeurs, les visages, tout un monde qui avait disparu que j’ai cru devenir folle. J’avais envie de hurler, j’avais envie de crier cette douleur, c’était très dur, j’étouffais. J’avais envie de crier. Et j’ai crié justement, j’ai hurlé, à ma façon en enregistrant tout ce qui me revenait de ce drame. Tout se bousculait dans ma tête, j’étouffais.
Et quand j’eus terminé de tout enregistrer, je me suis sentie légère, comme quelqu’un qui venait d’expulser quelque chose qui l’obstruait, quelque chose qui l’empêchait de respirer. Je me suis sentie légère et j’ai oublié ces cassettes. Cela m’a apaisé de déposer ce témoignage sur cassettes en 1996.

Je remercie la personne qui m’a encouragée à faire cela, qui a été le déclencheur de cet enregistrement, un homme qui voulait faire une pièce de théâtre, « la nuit remue ». Et il m’a remué ; mes nuits ont été remuées et m’ont remuée, les nuits du 1er octobre 1990, du 22 février 1994 et d’autres nuits. Jusqu’à maintenant, mes nuits remuent encore. En tout cas, en 1996 j’ai déposé ces nuits avec tout ce remue-ménage, y compris les douleurs, tout ce qui fait mal, tout ce qui fait rage. Je ne sais pas comment l’exprimer, mais j’ai tout déposé. Ce témoignage me pesait énormément.

Quelques années après l’avoir déposé, un événement a fait que ce témoignage fut retranscrit : un de mes enfants, à son école, avait émis le souhait de parler à quelqu’un d’un vécu douloureux de 1994. Comme à son école, on savait que c’était un orphelin du génocide, ils ont directement pensé que mon enfant voulait parler du génocide. À cette époque-là, et même aujourd’hui, si un Rwandais a un problème, c’est toujours réduit au génocide. En tout cas, quand mon enfant à son école a émis le souhait de parler de quelque chose qui lui faisait tellement mal, eux ont pensé qu’il s’agissait du génocide. Et c’est comme ça que je me suis retrouvée devant une table ronde de psychologues avec mon enfant, qui avait à l’époque une dizaine d’années. C’était affreux. Cette table ronde m’a fait penser à une cour de justice. C’était glacial. Ces psychologues, leurs assistants, étaient assis comme ça à une table ronde à nous fixer et à demander : raconte.

Pour moi aussi, c’était la première fois que je me trouvais en face de psychologues, car la psychologie, les psychologues, les psychanalystes, tout cela n’existaient pas dans mon pays. Je les ai découverts en Europe. En tout cas, aucun d’eux n’a pu mettre mon enfant à l’aise pour qu’il puisse parler de ce qui lui pesait et que moi aussi j’ignorais.

Au lieu de se préoccuper de mon enfant, de faire en sorte qu’il raconte ce qui lui pesait, ils m’ont demandé de raconter le génocide en disant que ça pouvait l’encourager à parler. Comme j’avais enregistré mon témoignage et que je n’avais pas envie d’en reparler, je leur ai dit que j’avais ces cassettes et que s’ils voulaient l’écouter, en tant que professionnels de la santé mentale, ils pourraient répondre à mes questions. Parce que, lorsque j’enregistrais, j’avais tellement de questions. Le génocide au Rwanda, 1994, était pour moi un grand point d’interrogation, surtout, avant que je n’arrive en Europe. Donc, j’ai saisi cette occasion, je leur ai proposé d’écouter mon histoire à la condition qu’ils la retranscrivent et qu’ils répondent à mes questions.

Après avoir fini cette retranscription, ils m’ont demandé quel usage je voulais en faire. À l’époque, ce qui m’importait, c’était juste qu’il soit retranscrit, pour l’avoir quelque part, sur un support lisible par d’autres et conservable. Ils m’ont conseillé de le relire et de le corriger si j’avais envie qu’il soit un jour publié.

Voici comment l’ébauche de l’écrit de mon témoignage a vu le jour. Et jusqu’en novembre 2013, je n’ai jamais eu le courage d’écouter ce que j’avais raconté. Chaque fois que j’essayais, je lisais une phrase, et c’était horrible, je ne me reconnaissais pas, alors que c’était mon histoire.

Maintenant, Dieu seul sait pourquoi, je peux me relire. Lorsque je lis ces écrits, ce sont mes mots, mon histoire, mon témoignage, ce que j’ai vécu, mais c’est comme si cela concernait une autre personne. Parce que cette histoire est horrible. Parfois, quand je lis cette histoire, je me dis : pauvre femme, quelle vie de merde elle a eue cette femme. Mais cette femme c’est bien moi.

Dans le monde de la publication, on me disait : « il faut retravailler ce témoignage, il faut le formater ; il y a une façon d’écrire, il y a un modèle pour la publication ». Et mon témoignage est difficile à mettre dans une forme classique, connue. J’ai toujours dit que mon but c’était de témoigner. Me lira, celui qui voudra me lire, mon but n’est pas qu’on me publie, ni de tirer gloire de ce travail ; mon but est que le message passe.

Parler. Parler, c’est ce dont nous sommes capables, nous, les rescapés.

Si nous manquons d’énergie, nous pouvons nous faire aider et retrouver cette énergie qui nous manque chez d’autres personnes. Si j’en suis là, si je fais ce travail, c’est que je suis accompagnée. Mais c’est aussi parce que j’ai accepté d’être accompagnée, parce que j’ai ouvert ma porte. Je ne me suis pas enfermée, je ne me suis pas isolée dans le passé, dans ma douleur, je ne me suis pas réduite au génocide.

J’aime les gens ; je crois en l’être humain malgré tout. Je sais qu’il est capable de tout, du meilleur et du pire, mais dans ma vie, j’ai eu la chance de connaître aussi le meilleur de l’être humain. C’est pour ça que j’y crois encore. Les rescapés du génocide, nous traînons un fardeau énorme, mais, il y a des gens qui sont prêts à nous aider, à apporter du leur pour nous accompagner, pour alléger nos douleurs, porter ce que nous ne pouvons pas porter seuls et aller plus loin, même en justice.

Quand j’ai enregistré mon témoignage en 1996, je n’avais pas de but défini pour ce témoignage. Mais le temps est passé, les choses se sont bien passées. En Europe, j’ai appris beaucoup de choses sur le génocide, sur le Rwanda. J’ai eu des éclairages, même des réponses. Et je vais ici essayer de vous restituer ce qui me semble important. Mon témoignage est une bouteille à la mer.

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