La chanson de l’aube, premier roman de Vénuste Kayimahe, est un hymne aux couleurs de la vie, des plus sombres aux plus vives, qui, dans une langue forgée au feu de l’expérience de rescapé, puise dans la fiction romanesque les ressources permettant de rendre audible l’indicible.
Un récit d’une rare beauté où le génocide est présenté avec un grand réalisme, où le pire côtoie le meilleur, où l’amour se mêle à la haine et où le merveilleux des croyances anciennes fréquente la plus cruelle vérité.
C’est aussi et surtout un roman où la fiction, parfois entrecoupée de récits factuels sur la guerre qui a accompagné cette tragédie, permet de prendre la mesure de ce qu’a été le génocide et le traumatisme qu’il a engendré, depuis sa mise en place jusqu’à ses conséquences dans le quotidien des Rwandais.
La chanson de l’aube, premier roman de Vénuste Kayimahe, est un hymne aux couleurs de la vie, des plus sombres aux plus vives, qui, dans une langue forgée au feu de l’expérience de rescapé, puise dans la fiction romanesque les ressources permettant de rendre audible l’indicible.
Le Rwanda, avant, pendant et après le génocide à travers l’histoire de Laurien, cet enseignant qui a eu un peu trop de chance dans sa vie : un mariage heureux avec Mireille, deux magnifiques enfants et un métier qui lui assure un avenir meilleur que celui de ses parents.
Pourtant, Laurien s’inquiète. Ses voisins le regardent avec une jalousie grandissante. Et ce qui n’était qu’une inquiétude diffuse se mue en peur. Il sent le danger grandir autour de lui et des siens. Il a peur de ces autres qui ont de la haine dans le regard et de plus en plus de violence en eux.
Et puis vient le génocide. Il faut lutter mais il est difficile de conserver cette envie de vivre au milieu de tant d’horreurs. L’horreur qui est partout et qui semble ne jamais finir. Et lorsque l’on croit avoir vu le pire, il nous attend un peu plus loin.
Un roman témoignage contre l’oubli
Un récit d’une rare beauté où le génocide est présenté avec un grand réalisme, où le pire côtoie le meilleur, où l’amour se mêle à la haine et où le merveilleux des croyances anciennes fréquente la plus cruelle vérité.
C’est aussi et surtout un roman où la fiction, parfois entrecoupée de récits factuels sur la guerre qui a accompagné cette tragédie, permet de prendre la mesure de ce qu’a été le génocide et le traumatisme qu’il a engendré, depuis sa mise en place jusqu’à ses conséquences dans le quotidien des Rwandais.
Référence
Table des matières
Au paradis des hommes — 9
Le jugement — 11
Hommage au héros — 23
Laurien Tuvindimwe — 29 `
Angelo — 37
Juste une légende ! — 53
Que je t’aimais, Sodome ! — 63
Mystérieux Fred — 69
L’attaque du 1er octobre — 77
L’éternité nous appartient — 81
L’ennemi intérieur — 89
Dans l’enfer des hommes — 95
Le Cheval de Troie retient son souffle. — 97
Au secours de THIRD — 109
La 127ème Unité Mobile — 113
L’Éradicateur — 117
À la conquête du Mont Rebero — 129
Sakabaka — 133
Les confidences du colonel — 141
Ô crâne, pourquoi t’a-t-on trucidé ? — 149
Une armée sans honneur — 167
Les égarements de Mireille — 171
Le front Nord-Ouest résiste — 187
L’appel du néant — 191
Plus d’autres Immaculée ni de Florence — 207
Qu’il était doux de pleurer ! — 215
Désarroi général — 233
Le grignotage de Kigali — 237
Une lamentable équipée — 241
L’orage des souvenirs — 251
Simplement un rêve à l’intérieur d’un rêve — 261
Les FAR aux prises avec un rouleau compresseur — 265
Une insaisissable chimère — 269
Le duel des mots — 275
Te dire tant de choses… — 283
L’agonie de Kanombe — 287
La part du feu — 291
La jouissance du Démon — 295
À Kigali, les FAR jouent les prolongations — 301
La harangue du Diable — 303
De l’espoir… tant que l’on vit — 313
Tiens bon, Lieutenant ! — 323
C’était l’aube — 329
Ni figurant ni héros — 333
Il est mort l’Imana des Tutsi — 337
La victoire en pleurant — 341
En finir avec Kigali — 343
Rien ne va plus… pour les génocidaires — 345
Sur la terre des hommes — 347
Pourquoi tant de chagrin, ô fils de ma mère ? — 349
Serments de mémoire — 383
La fissure — 391
Le pasteur, le génocidaire et le soldat — 401
Esther — 419
Cyizere, l’espoir — 449
Ne dis plus rien, s’il te plaît ! — 459
Fiche technique
collection: Roman
mars 2014
472 pages
dimensions: 12 x 21 cm
ISBN: 9791093440064
Auteur(s)
Vénuste Kayimahé
Auteur, traducteur, éditeur
Vénuste Kayimae est écrivain, traducteur et éditeur (Izuba édition).
Rescapé du génocide des Tutsi, en 1994, Vénuste Kayimahe est également l’auteur d’un livre-témoignage, France-Rwanda : les coulisses du génocide, témoignage d’un rescapé, publié en 2002 (Dagorno), qui donnera lieu, avec la collaboration de Robert Genoud, à un documentaire, Rwanda – Récit d’un Survivant (Les films du village, 2002).
Informations complémentaires
Poids | 0,5 kg |
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Dimensions | 2 × 12,35 × 22,1 cm |
Auteur | |
Format | Broché |
Pages | 472 |
Couverture / Illustrations
Izuba éditions
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Extraits
(…) Il est des hantises qui ont la ténacité du malheur et qui s’appliquent en permanence à torpiller toutes les embellies que tente de s’offrir une vie.
La jalousie ! La voilà la hantise de Laurien, le mal qu’il redoutait le plus de ses semblables. Celle des ennemis, des voisins, des collègues, des amis aussi, il ne savait plus.
Dans son enfance, il n’avait aucunement fait attention à ce sentiment qui mine les camaraderies les plus solides et pourrit les âmes les plus douces. Lorsqu’enfin son esprit s’était éveillé à cette vile facette de l’être humain, il avait essayé de détourner son regard, se disant que cela relevait du domaine accidentel chez quelques pourritures dans le monde. Durant des années, il avait tenu bon dans ce raisonnement trompeur pour lui-même, mais là il n’en pouvait plus et à force de subir et de se questionner, il se bousillait les neurones à la moindre allusion.
La rencontre avec Mireille avait déclenché une ruée de prétendants auprès de la demoiselle, comme si les jeunes et les nantis du coin se rendaient subitement compte de l’existence ou de l’accessibilité de cette beauté fleurie. Les moins mauvais y allèrent de leurs charmes, les andouilles de leur fortune, et les minables de leur position sociale pour tenter de la lui souffler. Les langues venimeuses de la médisance s’abattirent autant sur la fiancée que sur son élu.
Mais rien ne pouvait inverser la vapeur, le train de l’amour allait sa croisière et tenait bien sur ses rails. Alors, de dépit, certains firent mine d’abandonner tout en guettant une occasion de revanche (…)
— page 37 | « Angelo », Au paradis des hommes
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(…) Sur cinquante kilomètres à la ronde, plus aucune palpitation humaine. L’apocalypse s’était abattue sur la région comme un typhon ravageur et avait tout figé de sa frappe criminelle. La Parque avait décimé une partie des hommes, le remords et la peur avaient jeté l’autre dans une fuite éperdue, un silence oppressant s’était ensuite imposé aux animaux et aux choses. Les chiens, qui se baladaient par meutes dans les campagnes en dévorant des corps avec l’accablement d’un dur labeur, n’aboyaient plus que par acquit de conscience ; et quand l’envie leur prenait de s’amuser, ils réalisaient juste quelques affligeantes cabrioles ou s’adonnaient à des copulations silencieuses. Les vautours et les hyènes dont la dernière apparition datait de l’époque de la grande famine Rumanura gambadaient dans le champ infini des cadavres qui désormais, seuls avec les bêtes, peuplaient les collines (…)
— page 262 | « Simplement un rêve à l’intérieur d’un rêve », Dans l’enfer des hommes
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(…) Toutes les positions stratégiques étant solidement contrôlées par l’adversaire, le seul angle par lequel elle peut risquer une attaque est le versant Est du mont, lui même exposé aux armes lourdes du camp gendarmerie de Kacyiru. Le fusil en bandoulière, de jeunes Inkotanyi y courent tels des kamikazes, avec sur l’épaule des munitions et les pièces détachées de trois mortiers, les assemblent très vite à un endroit, tirent quelques obus plus ou moins bien ciblés, démontent les armes à nouveau au bout de dix à quinze minutes d’opération et filent reproduire la même manoeuvre quelques centaines de mètres plus loin.
Cette tactique donne à l’adversaire l’illusion de subir une offensive en force, que l’artillerie est multiple et idéalement positionnée, et permet de dérégler ses bombardements et de perturber son moral.
À la faveur de ce genre d’action qui détourne la vigilance des FAR, une compagnie prend pied sur la pointe nord-ouest du mont Shyorongi, contigu du mont Jari. De cet emplacement stratégique, elle a dans le viseur de ses mitrailleuses Gitikinyoni au noeud routier Kigali-Gitarama-Ruhengeri, bloque tout ravitaillement et renfort en provenance de la ville, et menace une partie des arrières du secteur opérationnel de Rulindo. Tenue en respect par cet élément, la défense ennemie s’en trouve désorganisée, déguste à n’en point finir, sans toutefois se laisser encore démanteler (…)
— page 266 | « Les FAR aux prises avec un rouleau compresseur », Dans l’enfer des hommes
On en parle
Pourquoi des fictions… rwandaises ?
— Virgine Brinker, Africultures, 24 juin 2014
« La fiction, par sa plasticité, permet de mettre en uvre une composition polyphonique et de jouer sur les points de vue. Elle permet ainsi d’adopter notamment le regard du génocidaire, pour mieux mettre à distance son discours. C’est le cas des propos de l’Éradicateur dans La Chanson de l’aube. Rapportés dans un premier temps au discours indirect libre, ce qui permet au narrateur de maîtriser, malgré tout, les rennes du discours, ceux-ci sont d’emblée marqués par une ambition personnelle démesurée, déminant à l’avance tout fondement idéologique à venir.
(…)
Une part irréductible résiste, et si la fiction peut lutter contre le fantasme génocidaire en retournant ses propres mots contre eux-mêmes, elle ne parvient pas forcément à énoncer le génocide en tant que tel. Sa tâche pourrait alors être celle d’une forme de conjuration. Celle-ci passe, chez Vénuste Kayimahe, par le recours au genre de l’épopée et au merveilleux. Les premières pages du livre se situent à la cour du roi Mibambwe, dans un temps pré-colonial où Rwagatali, valeureux guerrier se trouve accusé à tort et condamné par la mansuétude du roi à mourir sur le champ de bataille. Mais s’il est vrai que l’on chute, dès le chapitre consacré à Laurien Tuvindimwe, dans le prosaïsme (« Laurien balança son attaché-case sur la table basse ») et le contemporain, cette « époque sans honneur », les deux périodes se trouvent inévitablement mêlées par la métempsychose puisque Rwagatali est devenu un aigle parlant accompagnant Laurien, alias Lionceau des Bambous, pour une nouvelle geste aux côtés de l’Armée patriotique rwandaise (APR). Laurien, petit instituteur ne s’intéressant pas à la politique, arrêté par vraisemblable jalousie et emprisonné à Ruhengeri est en effet libéré par le Front patriotique rwandais (FPR) qu’il rejoint à la mi-janvier 1991, s’engageant ainsi dans la lutte armée. Pourtant l’épopée n’est plus de mise. C’est la voix de la chronique, en italiques dans le texte, qui est choisie pour relater les avancées de l’APR, et de la 127e unité mobile du colonel Bigabiro à laquelle Laurien appartient en particulier, du 7 avril au 4 juillet 1994. La découverte des massacres se fait ainsi par les yeux des combattants dont l’impuissance est soulignée au fil des pages, en dépit de considérables avancées sur le terrain. Au temps du génocide, les jeunes gens ne peuvent plus être des héros au sens épique du terme malgré leurs actes valeureux (…) ».
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