Rencontre littéraire
Jeudi 18 avril 2024 à la Kigali Public Library, de 17h30 à 20 h
Entrée gratuite
Présentation, lectures et discussions autour du livre de Jean-Baptiste Bucubigango:
La résistance Inyenzi – Péripéties d’une lutte pionnière
Étayé de faits historiques irréfutables, ce livre rend un vibrant hommage à l’avant-garde des « freedom fighters » qui dans les années 1960 luttèrent avec détermination et parfois au prix de leur vie pour un monde meilleur, débarrassé des aliénations et injustices que faisait subir la première République rwandaise à une partie de ces citoyens : exil, discrimination, purification ethnique et massacres qui posèrent les premiers jalons d’une politique conduisant au génocide.
Un mot de l’auteur :
Les hommes et les femmes engagés dans la lutte de libération nationale n’ont pas, en général, le loisir de se retirer temporairement de leur combat, de mettre une distance entre leur pensée et leur action, d’objectiver leur pratique et de mener de longues enquêtes scientifiques.
Lorsqu’ils écrivent ou parlent à la radio-télévision, ils/elles le font pour mobiliser un village, corriger par un ordre du jour des pratiques néfastes de telle unité de leur guérilla, ou répondre, enfin, devant l’opinion publique internationale, à un mensonge de l’ennemi.
Dans ce cas, selon Max Weber, leur parole est une parole d’honneur, avant tout idéologique, et vraie.Il s’agit d’un exercice très délicat : si son auteur fait des erreurs d’analyse de la situation et des rapports de forces, il paie souvent, à la limite, de sa propre mort, de celle de ses camarades, et la révolution finit par échouer lamentablement. Raison pour laquelle, la plupart des mouvements de libération préfèrent se confiner à ce que Pablo Neruda appelle « le sac du silence » (Mémorial de l’île noire).
En Afrique noire subsahélienne, deux raisons subjectives sont avancées pour expliquer ces situations opaques :
– Un nombre relativement grand de mouvements armés de libération s’enracine dans des sociétés ancestrales à tradition orale ; créateurs de systèmes symboliques et originaux, ils déposent peu, cependant, ou ne laissent pas dans leur sillage de traces écrites.
– D’autres mouvements insurrectionnels populaires, en Afrique, sont dirigés par des élites acculturées qui ne se soucient guère de communication populaire et se contentent, à la limite, de diffusion des tracts à leur propre gloire ou celle de leur tribu.
Que sait-il, le grand public, aujourd’hui, du combat de la ZANU, organisation combattante du peuple Shona naguère en Rhodésie du Sud ou de la genèse, du devenir ou de multiples problèmes auxquels se sont confrontés les « Inyenzi », objet de cette rencontre littéraire ?
Mon livre est presque entièrement consacré à l’analyse critique de la théorie et de la pratique de la guérilla « Inyenzi », non par réaction émotive, nationalisme étroit ou patriotisme abstrait.En son temps, dans les années 1960, la guérilla « Inyenzi » a joué, dans l’imaginaire des insurgés des Grands Lacs, un rôle majeur, comparable à celui du FLN algérien — le rôle de référence historique, de source d’espoir et de refus radical de l’aliénation coloniale et néocoloniale.
Ses combattants, en effet, en prenant les armes, avaient renoncé au statut de réfugié, pris le risque de mourir et exposé leurs familles au risque de représailles, mais aussi édifié les peuples opprimés des Grands Lacs. En écrivant ce livre, mon but était de relever leur mémoire, leur visibilité et leur rayonnement quelque peu ternis aujourd‘hui.
Je voudrais dire, enfin, un mot de remerciement à la maison d’édition Izuba qui a aimablement corrigé les coquilles et les problèmes de reliure parfois présents sur la première édition de poche. La seconde édition de mon livre sera disponible lors de cette présentation.
— Jean-Baptiste Rucibigango